Je me dispose à suivre
la foule qui se retire lentement, mais Boeuh Robleh
m'arrête.
"Ne
pars pas encore, me dit-il, tu vas voir la suite. "Une
femme s'avance portant un plateau et le remet
à Dirané Moussa, qui vient d'écarter un tapis
pour s'en saisir . " Qu'y a-t-il sur ce plateau ?
-
Il y a de l'argent et une courbache (cravache
de cuir). Pour que sa femme lui montre son visage,
Dirané lui remettra une ou deux roupies. Puis
il fera de même pour lui faire ôter chaque partie
des vêtements. Enfin, avant de s'enduire de beurre,
pour affirmer qu'il est le maître, il la frappera
de deux ou trois coups de courbache.
- La femme
ne se plaint pas ?
- Au contraire.
Si son mari ne la frappe pas, elle le méprise.
Nos
femmes ne comprennent pas la douceur, conclut
Boeuh Robleh.
-
Peut-être ne savez-vous pas la manifester. Crois-tu
vraiment qu'en brutalisant vos femmes vous vous
les attachiez ?
- Oui, Moussa.
Nos femmes restent possédées du démon si nous
ne les frappons pas."
Ce
dernier argument ne peut se discuter. Dès l'instant
qu'il s'agit du démon, il n'y a rien à dire.Escorté
de Bel Askari et des okals, je prends le chemin
de mon camp, promettant de revenir le lendemain.
ALPHONSE
LIPPMANN
GUERRIERS
ET SORCIERS EN SOMALIE
1953