Il se mit donc
à acquérir autant de concessions que possible.
L'Angleterre, à son tour, après avoir vérifié
le nombre de concessions qu'il prétendait avoir
acquis, se mit à soutenir les droits légitimes
de l'Égypte pour empêcher l'occupation de devenir
permanente. Elle n'avait aucune intention de laisser
dépouiller la nation la plus faible au profit
des forts; telle était du moins la politique qu'elle
professait ouvertement. Les agents secrets de
la Grande-Bretagne découvrirent, en effet, que
Soleillet prétendait avoir acheté la concession
de Tajourah au sultan Hamed bin Mohamed ; ce dernier,
cependant, quand l'Angleterre protesta auprès
de lui, déclara que ce n'était point lui qui avait
vendu le territoire mais le sultan de Lohaitu.
Tous
les sultans s'étaient entendus ensemble pour embrouiller
la situation autant que possible avec la ferme
intention de secouer, une fois pour toutes, le
joug de l'Égypte. Les agents britanniques ensuite
recherchèrent Soleillet pour lui demander d'éclaircir
l'affaire; ils découvrirent qu'il était monté
de nouveau à Ankober, mais son associé, Léon Chefneux
leur apprit que Soleillet avait acquis de plusieurs
sultans l'autorisation d'occuper quelques points
de la côte pour un but entièrement commercial,
afin de débarquer les marchandises et de construire
des baraques pour les contenir. En apprenant cela
le ministre anglais à Aden conseilla au gouvernement
d'expédier une centaine de dollars au sultan pour
lui faire porter un démenti formel au bruit qui
courait qu'il aurait cédé la concession au commerçant
français.
Le prochain objectif
de Soleillet était Sagullo, dans la baie même
de Ghubbet Khareb, le bassin qui pouvait contenir
toute la flotte anglaise. Ce fut ensuite le tour
d'Ambadu, trop près de Zeylah et de la route conduisant
au Harrar pour la sécurité de l'Angleterre. En
octobre 1882 Soleillet arriva à Sagullo et hissa
le drapeau français.
LES FRANÇAIS A
OBOCK
DENIS DE RIVOYRE
- 1895
illustration:Obock
1900 - les entrepôts de Soleillet après l'ouragan