Dans
ces marchés on vend du café, des gommes, de l'ivoire,
des épices, des parfums et de la poudre d'or.
Il serait donc fort important pour notre - commerce
si nous pouvions nous établir solidement dans
ces régions et si nous ne nous permettions pas
d'être devancés par l'Italie comme nous nous sommes
laissé devancer par J'Angleterre. Les bateaux
de la Compagnie Rubattino font relâche à Assab
en route pour Bombay et il est bien connu que
cette compagnie est subventionnée par l'État.
Notre compagnie à nous, les Messageries Maritimes,
est également subventionnée pour son voyage aux
Indes, pour la Chine et maintenant pour l' Australie.
Les navires ne pourraient-ils pas faire escale
à Obock à l'aller ou au retour ? Ou ne pourrait-il
pas y avoir un petit bateau qui ferait la navette
entre Obock et Aden où les navires sont en tout
cas obligés de relâcher .
"
Ajoutons que plusieurs maisons de commerce de
Marseille ont, de temps en temps, fait des affaires
avec les pays à l'intérieur du continent.
"
Il n'est pas suffisant, cependant, pour développer
notre commerce à l'extérieur, d'accorder des primes
aux compagnies de navigation. Il est nécessaire
d'établir des stations de charbon sur ces plages
lointaines, et sous ce rapport nous nous sommes
laissé dépasser par l' Angleterre, par la Hollande
et même par l'Italie et l'Allemagne.
"
Je prétends que le Ministre de la Marine et des
Colonies devrait être plus au courant de ces questions.
Ce n'est qu'en nous développant le plus possible
dans toutes les directions que nous pouvons rester
forts à l'intérieur du pays et que nos intérêts
matériels, notre industrie et notre marine marchande
peuvent être entièrement sauvegardés ".
cet article fit
peu de bruit en France. En effet pendant les années
qui suivent, l'Angleterre prit plus au sérieux
que la France elle-même les activités des nationaux
français sur la côte de la Mer Rouge. Le ministre
anglais à Aden voyait la France rivalisant avec
l'Italie pour prendre fermement pied sur le littoral.
Selon Lord Lyons, depuis la venue des Italiens
à Assab, la France s'efforçait d'acquérir une
concession permanente et précieuse sur la Mer
Rouge. Cependant quelques années devaient encore
s'écouler avant que
le gouvernement
français se rendît compte de la valeur de ce que
ses nationaux avaient déjà acquis. Lord Lyons
estimait qu'il serait fort dangereux pour la Grande-Bretagne
s'il était jamais permis à la France d'occuper
définitivement Obock de façon militaire ou même
commerciale.
Il fut encore plus
inquiet des agissements de la France, quand les
agents secrets de son pays découvrirent que Soleillet
avait acquis d'autres concessions; il fut plus
convaincu que jamais que la France opérait sournoisement,
au moyen de ses commerçants, pour l'agrandissement
de la République, les rémunérant des fonds secrets
de l'État.
